lundi 23 février 2015

Le billet du dimanche soir #1 - Du porno, il vous faut du porno.


C’est en larvant en pyjama devant mon écran géant jusqu’à 13h32, comme tout bon dimanche matin/midi qui se respecte, que j’ai fait la découverte du phénomène Anna Todd et son succès rencontré sur la toile.

Encore ) Une jeune blogueuse originaire du pays du dream-comes-true et des mots machés façon Hollywood chewing-gum, qui depuis quelques temps partage des fragments de sa fan-fiction sur les réseaux sociaux dans laquelle elle ré-invente une vie à une personne qui elle est bien réelle, à savoir ici, le plus chevelu d’un boys band du moment qui émoustille toutes les pisseuses de moins de 16 ans ( comédons et appareils dentaires compris ), et dont je ne connais foutrement pas le nom. J'arrive à peine à situer Justin Bieber qui est déjà complètement périmé ( et surtout déjà bien en taule ).

Le secret de sa réussite à part le choix du personnage principal : le culEvidemment.

Encore des arbres coupés, pour une lecture érotiquement correcte.

Nous avions déjà un best-seller dans ce registre qui n’a jamais autant sexué la couleur grise, destinée à un lectorat de mamans éreintées en mal d’amour, qui font vaciller leur quotidien entre les courses en grandes surfaces et la sortie des écoles primaires, et qui n’ont rien trouvé de mieux après les réunions Tuperware des années 2010 ( remplacez le mot Tuperware par sex-toys ) que de lire les aventures SM de deux personnes majeures et consentantes pour se sentir fraiche et épanouie sexuellement parlant.

Oui je sais, ma description est vachement réductrice. Zemmour, je te prie de bien vouloir sortir de mon corps de déesse.

Cette fois-ci, le public visé sont des jeunes demoiselles, fan du héros depuis son premier « Baby Love » lâché à un concert presque privé. Les posters de ce blondinet ont depuis longtemps défiguré leur tapisserie rose à fleurs bleues et sa bouille d’amour s’étale fièrement sur leurs trousses d’école.

Et maintenant que cette touffe de poils blonds sur patte fait l'objet de scènes interdites aux moins de 18 ans, les oiseaux ne se cachent plus pour mourir, et affichent, sans pudeur aucune, leur lecture humide sur la blogosphère, dans le bus, dans la cour de récré ou chez leur mère.

Quand je pense au scandale provoqué par le port de ma toute première culotte échancrée à l’aube mes 15 ans ( et de la tartine de phalanges qui a suivi de près les cris et les pleurs d'une mère épouvantée ) …

À une époque où les regrettés boulards cryptés du samedi soir n’existent plus, où il suffit d’allumer sa télé sur une émission du service public à l'heure du diner pour entendre des phrases comme « il faudra attendre 40 minutes pour voir la première fessée » , des critiques cinématographiques bien plus crues que ne l’est le film ou des témoignages très détaillés au sujet de partouzes organisées par un mec qui porte un surnom  bien salace, un invité qui aurait pu être à la tête de notre gouvernement et des filles de joie qui n'ont pas l'âge requis. Une époque où des paires de seins bariolées s’affichent pleines de revendications entre un reportage sur la neige en hiver et la fabrication du pâté en croute.

À cette même époque, je me pose donc la question, que devons-nous écrire pour attiser la curiosité et les « j’aime » du plus grand nombre ?
Du porno-chic ? Du graveleux ? Avec une petite touche de voyeurisme ? Alors si c’est ça que vous voulez, allons-y gaiement :
« {…} Il s’approcha d’elle, tel un loup en proie d’un ravissant petit agneau immaculé. Puis, dans un bruit de craquement osseux, il saisit son bras frêle pour rapprocher sa masse corporelle contre la sienne. C’est alors qu’il sorti, non sans cérémonie, le bout de son muscle buccale qu’il posa alors contre le lobe de son oreille. Il suivit les monts et les vallées de cet orifice avec dextérité, elle savait dès lors qu’il n’en était pas à son premier viol auriculaire. C’est au moment où elle sentit un filet de salive se faufiler le long de son appareil auditif, venant ainsi feutrer les bruits environnants, qu’elle perdit pied et qu’elle se dit qu’elle avait affaire à … un putain de gros dégueulasse ! Et c’est sans filtres et sans retenue qu’elle l’invita à aller se faire foutre et lui conseilla, avec deux/trois décibels au dessus de la limite autorisée, d’aller pratiquer ce genre de perversité dans des clubs avec d’autres tarés dans son genre. »

Non vous voyez ça ne marchera jamais.

C’est grotesque. Je ne voudrais pas condamner une héroïne névrosée à des plansglauques et des relations d’un soir complètement foireuses.

( Et en plus, ma mère lit ce que j’écris. )


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