lundi 9 mars 2015

Le billet du dimanche soir #3 - In Zumba we trust


Même si le jour du seigneur est un jour où le réveil ne sonne pas avant 13 heures du matin, j'essaye tant bien que mal de faire basculer mon IMC du côté positive de la Force. Histoire de compenser avec l'inactivité et la dégustation de Kinder Bueno à l'horizontal, j'effectue alors mon pèlerinage dominical vers mon lieu de culte préféré afin de remuer mes muscles ensommeillés.

Mieux que Lourdes et sa grotte aux miracles, mieux que le mur des lamentations et ses secrets, mieux que les pieds lisses de Saint-Pierre, mieux que Saint-Jacques de Compostelle et son étoile guide touristique, mieux que La Mecque et son pouvoir géo-localisateur, mieux que les sources du Gange et ses eaux garanties sans calcaire ni sulfites, mieux que le lieu de naissance d'un dénommé Bouddha, mieux que le circuit de Shikoku et ses 88 temples, mieux que le défilé Chanel à la Fashion Week: Fitlane ( en plus ça rime avec "amen" ).
Désolée pour tous ces clichés religieux mais mon athéisme profond ne m'autorise à vénérer qu'un seul dieu: le dieu du muscle et sa religion du corps parfait.


Et c'est en bon pèlerin courageux et motivé que je m'en vais me faire repentir et laver mes péchés à l'eau salée de ma sueur. J'enfile alors mon chasuble aux allures de leggings moulant et brassière rembourrée ( on est bien loin du célèbre combo gagnant des chaussettes/sandales à scratch et chapelet entortillé autour du poignet ) et j'attends patiemment la messe de 16h15.

Mon pèlerinage à moi se définit par plusieurs rites religieux auxquels j'applique une dévotion de pucelle à la réalisation.

Il y a d'abord le RPM. Le seul sport rangé catégorie cyclisme que je valide et tempère. Le fait que le vélo soit fixé à la dalle en béton de la salle sport t'évite de te retrouver dans la position agaçante du joyeux cycliste du dimanche en collant Néoprène molletonné au niveau de la partie charnue de la fesse et lunettes de soleil aérodynamiques, et qui refuse catégoriquement de se décaler un chouille sur la droite pour laisser passer ton véhicule de feignasse. Là, une fois équipé d'une paire de poumon de taureau et armé d'une Ventoline, tu es prêt à gravir des collines imaginaires sur ton vélo immobile. Et t'es content. "Elle est pas belle la vue d'ici ?"

Bon j'aime bien, c'est pas le problème, mais j'ai l'impression de développer plus ma ride du lion et autres marques d'expression de mon visage que mes cuissots.

Viens ensuite le Body Pump. Les premiers cours font mal. Très mal. Et ton muscle tremble de peur à la vue du moindre poids d'un kilo. Pendant une heure, sur une musique de viking, un poissonnier refoulé te hurle dessus pour porter une barre pleine de fonte ( 7kg à l'échauffement pour ma part, et ouais mec. ), te hurle dessus pour charger ta barre, te hurle dessus pour décharger ( un peu ) ta barre, te hurle dessus pour porter ta barre bien au dessus des mirettes, te hurle dessus pour lâcher ta barre, te mettre au sol et enchainer avec des pompes sans poser les genoux au sol, te hurle dessus pour te dire "Allez les loulous, plus que 12 séries de 24 !!", et te hurle dessus pour étirer l'arrière de ton mollet.
Et puis les 5 jours qui suivent ce petit cours d'une heure, tu maudis ce hurleur professionnelle. Tu découvres des muscles inconnus au bataillon grâce à des douleurs que des simples mots ne peuvent décrire. La moindre marche est un parcours du combattant, et conduire ne peut se faire sans un "aaarrrggghh" profond et gras poussé à chaque vitesses passées.


Passons au Yoga, parce que c'est bien beau de soulever de la fonte mais il faut aussi aller puiser dans son moi intérieur et dans ses abdominaux profonds. Je fais partie de ces connasses qui pratiquent un vinyasa yoga, ce yoga detox dont les bien faits ne matérialisent pas des goutes de sueur qui viennent piquer la rétine lorsqu'on se trouve en position "chien tête en bas". Mais c'est tellement plus sympa de le pratiquer avec une grande allemande athlétique qui fait des fautes de prononciation et qui utilise des mots comme "pubis" ou "chakra sexuel" sans aucune gène.

Et pour finir, la Zumba. AAaaahh la Zumba ! Ma deuxième passion dans la vie, après regarder des vidéos de chats sur YouTube. Plus qu'une passion: une révélation ! Qui l'eut cru ? Moi qui déteste la danse en tant que sport ( et les danseuses. Et les mannequins. Et les serveuses aussi. Voilà c'est dit. ), moi qui a la grâce et la souplesse d'une branche de chêne dans le vent, me voilà éprise d'un sport qui demande à son boule de twerker de manière très lascive et sensuelle. Et je suis là, deux fois par semaine quand Dieu le veut, à me déhancher sur des chansons espagnoles que je meumeume en yaourt et à tue-tête.
L'absolution de mes péchés chocolatés se manifeste alors par une immense satisfaction et des courbatures du surlendemain.

Alors je vous vois venir, vous vous dites surement que derrière ses phrases si bien écrites se cache une nana à la tête bien faite et au corps de rêve. Si seulement ...

Au nom du muscle, de la transpi et de la courbature, Amen.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire