lundi 12 janvier 2015

Je veux en être !


Evidemment, comme vous, j’ai dans la tête cette phrase devenue culte.

En ce dimanche 11 janvier 2015, ne me jugez pas mais je ne suis pas allée marcher. Déjà parce que la marche à Nice, c’était hier, et à celle là non plus je n’y suis pas allée. Parce que je me suis dit, lâchement, qu’une personne silencieuse de plus n’allait pas changer ce nombre incroyable, qui pour une fois aura mis d’accord les organisateurs et la police. Parce que j’ai eu peur du pire. Parce qu’en fait depuis mercredi je suis prostrée et choquée dans mon céphalée. La dedans tout se bouscule, comme un premier jour de soldes, comme au concert d’une idole au prénom si bien prononcé par l’hystérie des fans, comme un bouquet de fleurs blanches lancé au milieu de Catherinette en mal d’amour, comme un mouvement de foule qui n’a pas lieu d’être dans un évènement bien heureux.

Moi aussi j’ai envie de me faire tatouer ces trois mots sur le front, mais ai-je le droit de m’approprier le nom d’un canard que je n’ai jamais ouvert ? Ma conscience me joue des tours et me fait m’interroger sur tout ça. Je n’ai pas la culture Charlie Hebdo. Je ne connais que les unes les plus scandaleuses grâce au relais des émissions de télé et des chaines infos. Et aujourd’hui, parce que du sang a remplacé l’encre sur leurs pages blanches, me voilà incollable sur les noms de ces soldats, leurs convictions, leur humour, leur travail.
Mais en fait, bien sûr que j’ai le droit et même le devoir de crier haut et fort cette nouvelle formule magique, beaucoup plus forte et mystique qu’un simple « Abracadabra » ! Peut être pas au nom d’un journal seulement, mais au nom de cette liberté chérie, au nom de cette horreur qui se retrouvera bientôt imprimée noir sur blanc dans les livres scolaires, au nom de ces corps entourés de craie blanche, au nom de la créativité et du talent, au nom de ce rassemblement pacifique, citoyen et mondial, au nom de ces communautés éclaboussées par la merde fraiche.

C’est un sujet bien trop complexe pour être abordé en seulement quelques lignes. Tout ça pour dire, que moi, la petite blonde égocentrique qui ne pensait, jusqu’à maintenant, n’être touchée que par ses petits soucis de petite blonde égocentrique, je me suis retrouvée con quand des larmes ont montré le bout de leur goute au coin de mon oeil bleu à la vue médiocre. Oui, j’ai été particulièrement émue, triste et choquée par ce marathon d’images plus horribles et insoutenables les unes que les autres. Et de voir aussi que tout ça s’est passé sous notre drapeau tricolore.

Aujourd’hui, tout le monde s’est accroché au mât de ce même drapeau. C’était beau, c’était fort. Mais maintenant la question que tout le monde se pose: et demain? Retour des propos racistes du tonton bourré au repas de famille du dimanche midi? Retour de la gue-guerre des politiciens? Retour du sentiment d’insécurité quand on met les pieds dans un aéroport? Retour de la menace qui plane dans nos nuages et que la météo d’Evelyne ne peut pas prévoir? Plus de lieux de cultes vandalisés? Plus de grimaces à la vue d’un foulard autour d’un joli minois? Des nouveaux pavés dans la gueule des flics? Des nouvelles insultes envers celui et ceux qui nous représentent? Mais peut être aussi, la naissance de nouveaux cerveaux bien affutés? Un nouveau souffle créatif? Toujours plus de coups de crayon? Un sursaut et une prise de conscience sur la manière d’éradiquer cette gangrène suintante et purulente en France et dans le Monde?

En ce qui me concerne, demain je ne serai toujours pas raciste, je serai peut être plus modérée, mais aussi plus en colère, plus curieuse, plus athée, plus concernée, plus tolérante, un peu flippée, plus pacifiste, plus bavarde, plus patriote, plus cocorico, plus courageuse, plus créative … Oui je sais, on dirait une liste de bonnes résolutions, le genre de liste non exhaustive que nous jetons à la poubelle le 3 janvier, 2 jours pour l’écrire, 10 secondes pour la froisser.

En fait c’est sûrement super-gniangnian, méga-naif, et ça ressemble fortement à un discours récité par une future miss France devant Jean-Pierre Foucault, mais peut être que si on faisait autant d’efforts sur soi que l’on peut faire lorsqu’on tente une nouvelle position de vinyasa yoga, ou quand on essaye de soulever plus de fonte que d’habitude, quand on décide de courir un 10km en moins de 50 minutes, ou encore quand on donne tout derrière notre écran d’ordinateur pour viser un 13ème mois … Peu importe les motivations, mais un petit travail sur soi-même, revenir sur ses positions ne serait-ce que d’un pas, mettre de l’eau dans son sirop, changer un regard en coin par un sourire discret, pourrait peut-être améliorer notre quotidien et notre vivre ensemble. #MissCoteD’Azur #VotezPourMoi

En tout cas, ils ont essayé de nous faire taire, ils n’auront réussi que pendant une toute petite minute ( bon allez 5 ou 6, vue le nombre d’hommages ).
Et merci aussi à Charlie, grâce à toi ce dimanche midi, de nombreuses familles se sont disputés autour de bouteilles de vin bien entamées et d’idées pas forcément partagées.

Allez promis, je prends un citrate de bétaïne pour digérer tout ça et je reviens très bientôt avec des textes remplis de légèreté, de futilité et surtout plein de photos de mon cha-cha-minou !


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