vendredi 9 janvier 2015

Les voeux d'une pessimiste


Chaque année c’est la même chose.

Nous n’avons pas encore ouvert la première petite case du calendrier de l’avent ( pour ceux/celles qui respectent les jours indiqués sur les portes en carton ) que notre cerveau est déjà préalablement programmé à recevoir tous un tas de clichés et d’images Pinterest que l’on trouverait sous les hashtags #ChristmasTree#WinterIsComing et #LesBoulesDeNoël.

Nous sommes préparés, quelques semaines plus tôt, par la mise en place des boites de chocolats dorés dans les rayons de nos grandes surfaces préférées. Les dindes farcies nous attendent de pâtes fermes depuis la mi-novembre, la panse bien dodue et les quatre cuisses bien charnues. Nous sommes formatés par des canettes de soda couleur caramel ( et pas franchement goût caramel ) pour faire naitre en nous l’espoir de vivre des fêtes de fin d’année comme on en verrait entre la météoet le journal de 20h de notre Claire nationale.

Et nous voilà, à attendre ( comme des cons ) de voir la neige tomber dans la nuit du 24 au 25 décembre, parce qu’on l’a vu dans un des téléfilms de l’aprés-midi, ingérés pendant nos congés.

Sauf qu’à cause d’un corps étranger microscopique qui te clouera au lit pendant deux semaines, cette image cristalline et féerique, que les publicitaires sous cocaïne essayent désespérément de nous ancrer dans la boite crânienne, vient se prendre les pieds dans la prise électrique de la guirlande lumineuse et se ramasse la gueule la première contre la paroi vitrée de l’insert de la cheminée. Le sapin, échangé contre un bon d’achat de 25€ chez les suédois, n’attend pas le 24 décembre pour tirer la tronche, ses branches épineuses en berne et sa pointe toute ramollo.

Et puis, autour d’un repas trop cuitpas assez décongelé ou trop salé, on se dira «Bon sang, mais quelle année de Merde avec un grand M, comme Merde » La prochaine ne sera que meilleure pensons-nous naïvement.

Sauf que la prochaine n’attend même pas une semaine pour nous faire bouffer des images que personne ne comprend. Dans un zapping façon Canal nous avons des coups de feus, des kalachnikov, des cagoules, des cris, un journal, des dessinateurs qui n’ont pas su quitter leur âme d’adolescents et leur esprit aussi vif et pointu qu’une mine de crayon bien taillée, des caricatures, des visages choqués, des uniformes à terre, le déploiement de milliers d’hommes casqués et armés jusqu’aux dents, des propos racistes, des incendies criminels qui se sont trompés de cible, des gens qui ne font toujours pas la différence entre musulmans et terroristes et qui seraient peut être plus étonnés de voir que le tireur s’appelait en réalité Jean-RenéFrancis ou Gaston. Il y aussi des rassemblements nationaux, des bougies, des fleurs, des réponses en dessin, des crayons et des marqueurs pointés vers le ciel, des hommages.

Maintenant, deux choix s’offrent à moi:

Flipper, avoir peur de tout et surtout de n’importe quoi. Ne plus me rendre dans les endroits les plus fréquentés, les places publiques, les cap 3000 et les aéroports et me renfrogner dans la cave que je n’ai pas avec mes boites de conserves et ma couverture de survie chaque premier mercredi du mois, confondant une simple sirène avec l’éclatement d’une troisième guerre mondiale.

Ou décrocher des chaines infos qui tournent en boucle dans nos écrans, sortir prendre l’air ( empirer ma bronchite ), récupérer le meilleur et vous souhaiter une Bonne Année ( quand même ).


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