vendredi 26 février 2016

L'anti-capitaliste en carton


Recherche identitaire, rébellion ou crise d’adolescence tardive, appelez ça comme vous voulez mais je craque, j’en ai gros sur la patate. Je suis révoltée par ce capitalisme occidental exacerbé, voilà c’est dit. ( Et oui j’utilise plein de mots pour faire genre « moi aussi je sais utiliser des mots compliqués à la suite » )
Cette course effrénée à la dépense, toutes ces choses que l’on nous met dans le céphalée pour consommer toujours plus, prisonniers de ces achats compulsifs qui nous prennent un beau matin en se réveillant, que l’on satisfera avec l’acquisition d’une nouvelle petite robe gris chiné et un soin du visage à l’algue japonaise sans risquer la crise hystéro-dépressive

Dans ma quête d’une vie meilleure, sans fioritures, équilibrée et légère ( mais toujours sapée comme jamais ), je décide de faire comme le commun des mortels. Je regarde alors des vlogs de blogueuses françaises énervantes expatriées dans le pays du rêve, des émissions de télévision qui remettent tout en cause, et je lis des articles de journaux de consommateurs qui incriminent jusqu’à nos protections hygiéniques qui seraient bourrées de dioxine. La base quoi

Mais du coup voilà, je suis là, dans mon lit, avec mon chocolat commerce équitable à 70% de cacao dont j’ai épluché la liste des ingrédients en veillant que le sucre n’apparaisse qu’en troisième position, et je m’énerve. Je me scandalise des infos qui viennent fouetter mes tympans et saigner mes yeux. 

Bon, j’ai d’abord commencé soft avec une émission sur les pesticides et nos enfants, histoire de ne pas trop m’affoler vu que je ne suis pas encore arrivée à l’étape procréation de ma vie ( faudrait-il encore que je dépasse celle de la procrastination pour commencer ). Et j’ai enchainé direct sur une autre s’attaquant à la viande qui se trouve dans notre assiette, nous montrant des américains accros aux barbecues qui tentent désespérément de retrouver la sensation d’un steak de vache bien gras grâce à des poudres végétales et de l’huile de palme. Big up aux orang-outans qui me lisent, c’est pas demain la veille qu’on laissera vos maisons tranquilles les gars. 

Et puis en zappant sur ces chaines infos que j’aime tant, je découvre la nouvelle trouvaille de notre dieu des temps moderne, Mark Zuckerberg. Ce dernier décide de se lancer dans le développement de la Réalité Virtuelle. Ok, donc rien ne vous choque dans ce concept empli de paradoxes ? 
Le but étant alors de créer des lunettes afin de partager des vidéos à 180° plus vraies que nature. Il aimerait ainsi pouvoir faire partager les premiers pas de sa fille au monde entier. Mais est ce que le monde entier a envie de voir ça ? Bon ok, personnellement je ne suis pas attendrie par les enfants humains, peut être que si cela avait concerné la libération de Beagles prisonniers d’un laboratoire depuis leur naissance, je sauterai sur l’occasion pour me procurer les dites lunettes. Mais en attendant, se retrouver dans une salle close et sombre, couper des autres gugus qui testent tout près ces lunettes du futur sans les voir ni les entendre, je ne vois pas où se trouve l’intérêt et la réalité, à part si l’on veut participer à la création de ce monde nombriliste qui se développe sous nos yeux. Les images montraient notre Marco se baladant entre les rangs de personnes qui n’avaient même pas conscience de sa présence. Le géant des réseaux sociaux qui se balade entre le troupeau de moutons aveugles qu’il a crée. ( c’est beau ce que je dis, non ? )
Et puis ces lunettes de merde ne rentrent même pas dans le sac à main.

Quelques jours auparavant, je me suis mise en colère contre tous mes objets soit disant connectés de la marque à la pomme, en me rendant compte que j’étais prise en otage de cet amas d'aluminium qui me sert de téléphone ( entre autre ). Je ne sais pas forcément bien m’en servir et pourtant je ne peux pas m’en passer. Je suis, je l’avoue, accro à cette merde pire qu’une drogue. Je le consulte le matin pour m’aider à ouvrir mes yeux grâce à sa lumière éblouissante et le soir avant de rejoindre Morphée pour être certaine que je n’ai loupé aucune actualité. Et pourtant j’aurai envie de le changer tous les 6 mois, pour éviter d’avoir un objet considéré comme obsolète par les développeurs des mises à jour de Snapchat

Et alors, parlons de la Saint Valentin. AAaahh la Saint Valentin, cette fête soit disant placée sous le signe de l’amour et du romantisme mais qui est en réalité une véritable angoisse sociétal qui plane au dessus de nos têtes la première quinzaine de Février. 
Lorsque tu es en couple, tu dois te damner pour trouver LE cadeau parfait. Heureusement que notre boite à images préférée est là pour nous souffler de bonnes idées originales en nous balançant des publicités pour des parfums, des bijoux ou de la lingerie entre chaque séquence de TPMP, triste rappel de la date du coït annuel pour ces couples essoufflés.   
Et quand tu es célibataire, c’est pire. Tu te retrouves en tête à tête avec ton félin que tu gâtes de Catisfaction en te disant que tu es un boulet pour la société car tu ne rentres pas dans la norme « Mari/enfant/labrador/cloture blanche ».  

Alors voilà, je suis prise d’une véritable crise de dédoublement de personnalité. Je suis partagée entre le fait de devenir une écolo activiste qui se lave les cheveux à l’eau de pluie ou de continuer à porter des sacs Lancel en cuir de vachette rose poudrée sans impunités. 
Et oui je suis le genre de nana Vegan qui se rend à une soirée cuir moustache avec une jupe en simili, parce que merde c’est bien beau de se trémousser sur des tubes YMCA, mais entre deux verres d’alcool de patate, il faut bien penser à la souffrance animale ( ah non ? Ok. ).
Je suis aussi le genre de nana qui compense son déficit en fer et protéines animales en consommant à outrance toutes sortes de graines, dénichés en vrac dans son magasin bio préféré, mais qui n’hésite pas à prendre une bonne grosse bavette bien épaisse et saignante au restaurant quand l’envie lui prend ( et quand on m’invite ). 

Alors pourquoi ne pas changer un peu les choses à notre petite échelle en fabricant nous même notre propre dentifrice à base d’orties, de bicarbonate et d’huile essentielle d’eucalyptus globuleux ? Pourquoi ne pas passer la Saint Valentin deux jours avant en compagnie de son ex ? Pourquoi ne pas laisser son téléphone au fond du sac quand on boit un green smoothie en terrasse ? Pourquoi ne pas faire mentir Cristina Cordula en trouvant des fringues en simili cuir et des vestes en fausses plus vrais que nature et tendance ?

Heureusement pour nous et grâce à notre monde moderne, nous pouvons désormais siroter un mojito bio zéro déchets, et déguster un bagel Vegan sur la terrasse d’un roof-top californien dont la piscine est chauffée par les seuls rayons de notre astre. 
Je ne vois que ce traitement pour canaliser cette schizophrénie qui nous habite tous. 




Ps: ce coup de gueule ridicule ne concerne bien évidemment pas les personnes désireuses de dépenser une somme astronomique dans la rénovation de leur(s) résidence(s) secondaire(s). Et oui, il faut bien que je mange mes graines de connasse et que je m'achète des plantes vertes moi !

4 commentaires:

  1. Un simple rayon de soleil, une bonne sieste, un bouquin, un petit clin d’œil du beau brun ténébreux a la terrasse d'un café, une tranche de tofu frit dans le beurre avec de la crème, un SLK 350 V6 et hop tout rentre dans l'ordre !

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    1. Il faudra remplacer le beurre par de l'huile de coco vierge et la crème par du lait de soja, parce que sinon ce n'est pas Vegan ! ;)

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  2. Besoin de désintox ! Bel article ;)

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